Un dimanche pluvieux de mai - English

Aujourd’hui nous avons rendez-vous avec Raphaël Peraldo, agent d’accueil à l’office de tourisme de la Vallouise

Aujourd’hui nous avons rendez-vous avec Raphaël Peraldo, agent d’accueil à l’office de tourisme de la Vallouise, qui partage avec nous sa journée d’un dimanche pluvieux (et oui ça arrive parfois en Vallouise), que de surprises !

Nous lui donnons la parole ci-dessous…

Pour la plupart d’entre nous, quand nous ouvrons les volets et que nous apercevons un ciel couvert et pluvieux, nous nous ravisons, et les projets de sorties, et de balades « tombent à l’eau ».

C’est se priver pourtant de moments privilégiés et uniques comme celui que je vais vous faire partager !

Nous sommes début mai, le temps est instable et doux depuis déjà quelques jours, il a plu abondamment la veille, c’est le temps idéal pour aller ramasser la morille…

Je décide donc, ce dimanche matin, vers 8h00, de chausser mes chaussures de randonnée, de me couvrir d’un imper, et de me rendre en voiture de Vallouise où je réside, jusqu’à Pelvoux les claux. Je partirai ensuite de Pelvoux à pied, muni de quelques sacs dans les poches, direction Ailefroide.

Le parking de Pelvoux à cette heure-ci est « désert », aucune voiture ne circule encore avec ce temps couvert et faiblement pluvieux, je démarre ma balade sur le sentier de Pra chapel !

Je constate rapidement, que la nature, elle, est bien réveillée ! D’innombrables chants d’oiseaux que la pluie réjouit, résonnent tout autour de moi. Les plus familiers étants celui du coucou, signe incontesté du printemps revenu, celui du merle qui, surpris à mon passage, s’envole avec son cri d’alerte puissant.

Le cri aigu et prolongé du torcol, le chant mélodieux et la danse aérienne du rougequeue ;   Le chant bref du pic, très présent sur ce territoire, et bien d’autres…

Plus je m’éloigne de Pelvoux, et plus le bruit du torrent prend de l’importance. La fonte des neige ajoutée à la pluie a fait gonfler tous les ruisseaux. Le torrent de St Pierre, jusque-là au niveau assez bas, a un débit puissant !

La pluie a cessé, je rentre dans le sous-bois détrempé, et je commence à chercher ses fameuses morilles, toujours aussi difficiles à dénicher…

Au bout d’une demi-heure peu fructueuse, je me laisse rapidement distraire par le spectacle que m’offre mère nature ! Le ciel noir contraste fortement avec le Pelvoux blanc recouvert de neige fraîche, et les différents verts des jeunes feuilles, dont le vert clair vif du mélèze. Le sol est tapi de fleurs printanières, myosotis au bleu clair superbe, narcisses dont je cueille un petit bouquet aussitôt, et un champ complet d’orchis sureau, ces orchidées superbes de montagne de couleur jaune et d’autres de couleur rose foncé.

Les violettes sont là par milliers… j’en profite pour en ramasser un petit sac pour en faire de la bonne gelée. Les coucous des bois couvrent le sous-bois et j’en cueille aussi les fleurs, tout comme les feuilles de fraisiers sauvages pour les faire sécher plus tard et en faire des infusions.

Il est plus de 10h00 je n’ai toujours croisé personne… le soleil commence à filtrer, je décide de reprendre le sentier direction d’Ailefroide. Et là devant moi, sur le sentier à quelques mètres, un chamois immobile… il me regarde, je le regarde… aucun des deux ne bouge. J’avance doucement et le chamois avance aussi, conservant cette distance. Moment unique et magique ou la nature et l’homme se font confiance. Je le suis durant cinq bonnes minutes puis il quitte le sentier. Je l’observe encore brouter quelques minutes.

Soudain, un bruit sourd interrompt ce calme paisible ! Les oiseaux « se taisent », je tourne la tête sur la gauche et une coulée de neige et de rochers dévale la montagne. Au bout de quelques minutes le calme revient et la vie reprend son cours.

En direction de Pelvoux, un spectaculaire arc en ciel inonde le ciel de la vallée.

Je me rapproche d’Ailefroide, où je croise les premières personnes depuis le début de la matinée. Je ne suis donc pas seul Deux randonneurs qui partent en direction de la Draye me saluent. Voyant mes sacs de cueillette, leur curiosité les poussent à m’interpeler. Nous discutons chaleureusement un petit moment, eux aussi me font part de leur émerveillement face à cette ambiance extraordinaire, ce calme reposant et « déconnectant ».

L’arrivée sur Ailefroide est spectaculaire ! L’éclaircie de courte durée, s’impose quelques instants ! Les arbres en fleurs sur un tapis de vert, se détachent sur le vallon de celse nière fortement enneigé, sur fond de ciel bleu « lavé » par la pluie.

Les couleurs sont éclatantes, magiques ! Les papillons sortent de leurs abris et profitent pleinement de ce répit. Je m’arrête quelques instants pour profiter du spectacle éphémère, car les nuages reviennent à l’assaut. Un écureuil en profite pour prendre un bain de soleil tout près, sur un bloc. Les hirondelles, arrivées il y a quelques semaines, profitent de la chaleur de ces rayons de soleil, pour se nourrir autour des rochers d’escalade qui surplombent le sentier.

Le but de ma balade est atteint, je traverse le hameau d’Ailefroide, je m’arrête, comme à chaque fois, prendre un café à la buvette tenue par André Buisson et son épouse. J’en profite pour sortir mon pique-nique et discuter quelques minutes avec eux. J’apprécie ce moment paisible de partage ou J’apprends toujours des choses intéressantes, avec ces passionnés de montagne.

Le temps se gâte de nouveau, il est temps de prendre le chemin du retour, par le sentier qui longe la route. En 30 minutes je rejoins le village de Pelvoux, reprends ma voiture sous le soleil, et traverse ensuite la plaine de Vallouise inondée de jaune, sous les vergers en fleurs.

Ce sont des fleurs de pissenlits par milliers qui tapissent les prés. Je ramasse plus d’une centaine de fleurs que je vais de ce pas trier chez moi , pour en garder seulement la partie jaune et en faire un succulent miel.

La journée se termine sous le soleil, elle fut riche en rencontres et en émotions. Je n’ai trouvé que peu de morilles, mais les escapades en dehors du sentier m’ont permis de vivre des moments inoubliables.

Mes cueillettes me rappelleront durant la saison hivernale les senteurs et les couleurs de l’été, et je prendrai plaisir à les partager avec mes amis et ma famille.

Voici le résumé d’une journée instable de mai ! Riche en couleurs, pleine de senteurs, au cœur du Parc National des Ecrins, où la nature préservée, est maître des lieux ! Faut -il s’en priver ?