Nous sommes à Vallouise pour quatre mois, il était alors inenvisageable de partir sans avoir côtoyé les sommets les plus mythiques de la vallée, à ski ou à pied. Le massif des Écrins regorge de superbes courses, de sommets désirables et de belles arêtes effilées. Après Roche Faurio, le Dôme des Écrins et la traversée des Dômes de Monêtier à la journée, nous nous sommes alors lancés à l’attaque du Mont Pelvoux, culminant à 3943 m d’altitude.
Quoi de mieux que de partager ce sommet avec deux copains, Fred et Julie, venus spécialement pour découvrir le coin. Après une journée d’échauffement - traversée des Dômes de Monêtier à la journée, du Pré de Madame Carle à la vallée de l’Eychauda - nous avons pris la route en direction d’Ailefroide.
Direction le refuge du Pelvoux
Pour cette première journée, nous devons atteindre le refuge du Pelvoux situé sur un promontoire rocheux à 2704 m d’altitude. De là, nous avons une vue imprenable sur le vallon du Sélé et la crête de l’Agulier. Arrivés au refuge, nous apercevons au loin son voisin, le refuge du Sélé, qui permet l’accès à d’autres sommets mythiques du coin, comme la Pointe du Sélé ou l’Ailefroide Orientale.
Après les 1200 m de dénivelé et les 8 km à parcourir pour rejoindre le refuge, nous sommes “enchantés” de passer la soirée à 7 degrés, avec toutes les épaisseurs possibles que nous avons réussi à emporter. Eh oui, celui-ci n’est pas encore gardé, il faudra attendre début juin pour profiter de l’accueil chaleureux des gardiens. Un peu de neige dans la popote pour les nouilles et le thé, voilà de quoi nous réchauffer. Heureusement que les bonnes blagues tiennent chaud. 20h00, obligation d’aller se coucher, le réveil de demain matin programmé à 2h45, devrais-je dire de cette nuit, ne va pas être facile.
Départ 3h30...
...crampons aux pieds, frontales allumées, chacun encordé à son binôme, nous voilà en route pour le sommet. Les étoiles et la lune éclairent le ciel et les reliefs, même dans la nuit, peuvent être distingués. Nous avançons à bonne allure, même avec cette neige encore bien présente en ce milieu du mois de mai : merci au regel de la nuit de coopérer ! Une fois pris pied sur la Bosse de Sialouze, nous remontons le glacier du même nom jusqu’à l’entrée du fameux couloir Coolidge. À cette période, je trouve que la remontée de ce couloir est une belle façon d’arriver au sommet. En été, lorsqu’il est trop en glace et pour plus de sécurité, la plupart des cordées empruntent l’itinéraire des Rochers Rouges.
Quoi qu’il en soit, bien que la remontée du couloir nécessite une attention particulière et un bon cramponnage, je ne pouvais m’empêcher d'admirer le lever de soleil qui se déroulait dans mon dos. Ce matin-là, les teintes rosées et orangées ont révélé la grandeur et la verticalité de ces parois rocheuses encore largement couvertes de neige, tout en accentuant par contraste, la légèreté et la finesse de la brume et des nuages.
Mont Pelvoux au petit matin
Faire la trace dans le couloir est un plaisir, je ne ressens aucune fatigue. À la sortie de celui-ci, c’est un nouveau panorama qui apparaît depuis Pointe Puiseux. Encore quelques mètres jusqu'au pic rocheux et ça y est, nous y sommes ! Au-dessus des nuages, nous profitons du soleil de ce début de matinée et de la vue sur le Glacier des Violettes, le Glacier Noir, le Pic Cooldige, la Barre des Écrins et tous les sommets des alentours. Réunis tous les quatre au sommet, nous profitons du moment, suspendu dans le temps.
Place à la descente...
...par le même itinéraire qu’à la montée pour des raisons de sécurité : passer par le Glacier des Violettes était risqué, car les relais situés sur celui-ci pour réaliser les rappels, pouvaient potentiellement être recouverts de neige à cette période de l’année.
Qu’elle est longue cette descente par rapport à la montée dans la nuit… 2h30 plus tard, nous sommes de retour au refuge, où l’on s’accorde une petite pause repas. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le parking situé à Ailefroide. Pendant ces deux jours, nous n’avons croisé que des chamois, heureux de retrouver la douceur printanière, et leurs camarades les marmottes, gardiennes de la montagne.
Je crois que c’est pour cela que j’aime être en montagne, pour la solitude et le dépassement de soi ! En tout cas, c’est bien fatigués, mais heureux de ces deux belles journées passées ensemble, que nous terminons le week-end.